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J'ai fait un copier coller avec une analyse sur un autre forum Yellow sub (forum sur les beatles)

Et le tout premier disque interprété par Bowie à être commercialisé, c'est celui là, Bowie n'a alors que 17 ans :

Liza Jane / Louie, Louie go home
45t publié sous le nom de Davie Jones with the King Bees le 5 juin 1964.


La face A est créditée à Leslie Conn, qui est le producteur du disque, mais la chanson est en réalité un vieux standard. La face B est de Paul Revere and the Raiders. Nous sommes en 1964. (A titre de repère chronologique, les Beatles n'en sont même pas à 'Help !').

"Liza Jane" est une chanson énergique entièrement basée sur un riff de guitare (et cela bien avant "Day tripper" et même avant "Satisfaction" ).
"Louie, Louie go home" est dans un registre un peu blues et gospel, et fait beaucoup penser à "Shout", le standard des Isley Brothers.

Disponible uniquement en mono, ces deux titres furent re-publiés par la suite, une fois la carrière du caméléon bien installée, sur diverses compilations aussi bien en vinyle qu'en cd, la plus intéressante étant "Early on" parue en 1991 chez Rhyn US.


I pity the fool / Take my tip
45t publié sous le nom de The Manish Boys le 5 mars 1965.

Près d'un an après sort donc ce deuxième single, cette fois-çi uniquement sous le nom d'un groupe, The Manish Boys. Ce 45t publié chez Parlophone et produit par Shel Talmy, également producteur des premiers Who, est intéressant à plus d'un titre. Si la première face est à nouveau une reprise (un blues en 12 mesures tout ce qu'il y a de plus classique), on trouve sur la face B la toute première composition de Bowie jamais publiée sur un disque. Il est d'ailleurs étonnant de constater qu'à partir de ce moment là, et aussi tôt dans sa carrière (ça n'est là que son deuxième 45t !), Bowie ne publiera plus que des compos personnelles pendant un long moment. Il faudra attendre 1973 et l'album "Pin ups" pour que Bowie interprète à nouveau des chansons des autres, mais c'est bien en tant que songwriter que le jeune David Jones va chercher à percer.
"Take my tip" reste bluesy/rock'n'roll, mais a également un pied dans le jazz grace à cette ligne de basse à la limite du walking. Il y a également de chouettes cassures en triolet sur les refrains.
Sur ce disque David Bowie ne fait pas que chanter, il joue également du saxophone car c'est là son premier instrument. Il en jouera de moins en moins par la suite, mais sans jamais vraiment l'abandonner complètement. On retrouvera donc Bowie au sax sur beaucoup de ses albums futurs, même ceux de Tin Machine.
Enfin, il se trouve que le guitariste soliste de "I pity the fool" n'est autre que Jimmy Page, dont on reconnait la griffe sans le moindre doute

Disponible également en cd sur "Early on".


You've got a habit of leaving / Baby loves that way
45t publié sous le nom de Davy Jones (donc avec un 'y' cette fois çi) le 20 Aout 1965.

David persiste à vouloir percer coute que coute, mais n'a toujours pas trouvé une identité propre. Sur sera donc encore sous un autre nom, pas celui d'un groupe cette fois-çi, mais sous son véritable nom, que sera publié chez Parlophone ce troisième 45t. Comme je l'avais annoncé précédemment, Bowie est désormais l'auteur de ce qu'il publie et c'est donc le cas de ces deux chansons.

"You've got a habit of leaving" est à la fois pop (de part ses vocaux brillants et double-trackés) et très rock (certains passages n'auraient pas dénaturé sur le futur album "The man who sold the world".) Du point de vue du son des guitares, je le trouve d'ailleurs assez précurseur, le père Bowie. Chez les Beatles par exemple, on en est encore aux gentilles guitares "clean" de Rubber soul, et les Who, aux guitares plus mordantes, n'avaient alors publiés que deux 45t et même pas leur premier album. Très étonnant, donc, le travail des guitares sur ce single de Bowie. (Le fait que ce soit encore une fois Shel Talmy le producteur n'y est surement pas étranger.)

Le travail aiguisé des guitares se retrouve dés l'intro de "Baby loves that way", sur la face B. Par contre la chanson évolue plus sur le registre pop sautillant, avec un bel entrain et de chouettes choeurs "façon américaine".

Encore une fois les deux chansons sont disponibles en cd sur "Early on".


Pour aller plus loin #1:
En 2002, David Bowie va se lancer dans un projet passionnant, celui de ré-enregistrer des versions modernes de certaines de ces premières chansons et de les publier sur un album intitulé "Toy".
L'enregistrement aura bien lieu, mais le projet sera avorté et l'album ne verra jamais le jour. Heureusement, quelques chansons ré-enregistrées ne partiront pas à la poubelle et seront utilisées en tant que faces B des singles tirés de "Heathen". On en reparlera à ce moment là, mais sachez déja que les deux faces de ce troisième 45t ont fait parti du lot des "remakes" élaborés pour "Toy", et que c'est un vrai plaisir de comparer les versions (ce que l'on fera quand on arrivera à 2002). Ce qui est extraordinaire, c'est que les chansons sont restées les mêmes, mais leur nouveau traitement est tel qu'on jurerai qu'elles sont de la même famille que celles écrites en 2002.


Pour aller plus loin #2:
On peut trouver les démos de cinq chansons inédites, qui datent de 1965, dans la compilation "Early on". Cette compilation est sorti tardivement.... ...en 1991 !


Early on
compilation publiée en 1991

That's where my heart is
I want my baby back
Bars of the county jail
I'll follow you
Glad I've got nobody

Ces cinq chansons proviennent d'acétates, vu la quantité considérable de bruits parasites que l'on entend. Bowie chante, en s'accompagnant à la guitare acoustique ou électrique (et est accompagné par un groupe sur les deux dernières). Ces chansons de qualité inégale, sont globalement assez moyennes, ce qui explique sans doute pourquoi elles n'ont pas été exploitées à l'époque. Il s'agit là de documents destinés avant tout aux fans purs et durs.


En 1966, David Bowie va à nouveau changer de maison de disque, et signera tout d'abord chez Pye pour trois singles, que voici:

Can't help thinking about me / And I said to myself
45t publié sous le nom de David Bowie with The Lower Third en Janvier 1966

David s'est enfin décidé sur un nom définitif, ce sera "David Bowie", and the rest is history....

"Can't help thinking about me" est une super chanson, qui met en valeur les talents de compositeur du bonhomme. L'enchainement des accords fait preuve d'originalité, et le tout ne manque pas d'énergie.
Pour s'en convaincre, on pourra écouter la version live que Bowie en donnera très tardivement en 1999 pour l'émission "Storytellers" (publié en cd et dvd en 2009). Remaniée à la sauce "Toy" (le titre ne fera pourtant pas parti du projet), cette chanson ne dépareille pas au milieu des autres plus contemporaines.
La face B, "And I say to myself" est pas mal non plus, quoi qu'un peu plus classique une fois passée son intro. Il y a quand même quelques modulations plutôt savantes dedans.


Do anything you say / Good morning girl
45t publié sous le nom de David Bowie le 1er Avril 1966.

"Do anything you say" défile à un train d'enfer, mais n'est pas aussi mémorable que ne l'était "Can't help thinking about me". A noter que les chœurs (chantés par d'autres personne que Bowie) sont particulièrement présents. Le guitariste qui accompagne Bowie sur ce single, est John Hutchinson, un ami à lui qui sera particulièrement présent pour les 2 années à venir.
"Good morning girl" était une tentative de faire un morceau un peu soul. Finalement au final on a un truc au tempo très rapide, avec un refrain particulièrement répétitif et énervant. C'est loin d'être le meilleur morceau de toute cette première période de la carrière de Bowie. D'ailleurs ce 45t est peut-être un peu plus faible que les précédents.


I dig everything / I'm not losing sleep
45t publié en Aout 1966

L'introduction de "I dig everything" est si typiquement "swinging 60s" qu'on se croirait dans une parodie (ou dans "Austin Powers"). Sauf que ce single là est réellement authentique
Cette chanson a été ré-enregistrée de manière moderne en 2002 pour le projet "Toy", mais cette version n'a pas été publiée en face B de single, elle est donc restée inédite. Le chanteur avait pourtant repris ce morceau plusieurs fois en live en 2000.
La face B, "I'm not losing sleep", démarre avec la même rythmique latino à base de guijo que la face A, mais dévie ensuite dans des territoires plus rock. Le refrain est très accrocheur et fait penser aux Turtles.

Les versions originales de ces six chansons sont disponibles sur "Early on" et aussi sur une compilation qui regroupe les 3 singles Pye, appelée "1966" et qui a le mérite d'avoir bénéficié d'une version remasterisée par Steve Hoffman. (Cette compilation date de 1988 et est en réalité la ré-édition d'une compilation plus ancienne (1981) appelée "Don't be fooled by the name" et qui était un vinyle de taille spéciale (10'')).

Bref, pour avoir ces 6 chansons en cd, si vous avez accès au cd remasterisé par Steve Hoffman, c'est sans doute mieux, mais sinon la fameuse compile "Early on" fera l'affaire.

A la toute fin de 1966, David Bowie va encore une fois changer de maison de disque, pour entrer chez Deram (un label de Decca), chez qui il va aller jusqu'à publier un album (son premier).
Mais en cette fin d'année 1966 c'est d'abord un nouveau 45t qui est mis en vente:


Rubber band / The London boy's *
45t publié le 2 décembre 1966

*Cette orthographe particulière du titre de la face B est conforme à ce qui est imprimé sur le label du 45t original.


D'un seul coup, on s'éloigne du rock/rythm'n' blues des singles précédents pour entrer dans une espèce de variété un peu bizarre. C'est véritablement le début d'une nouvelle période dans la carrière de Bowie. Ca s'entend clairement dés le début de "Rubber band" au niveau de l'instrumentation: ça n'est plus du tout un groupe rock qui accompagne la voix de Bowie (même si il reste une basse et une batterie), mais une fanfare ou un orchestre d'harmonie (instruments à vent), avec un tuba et une trompette proéminents.
Le registre vocal de Bowie est ici largement utilisé, avec de nombreux graves et aigus. (Parfois pas forcément à bon escient, comme pendant le solo de tuba final, par exemple).

La face B, "The London boys" possède le même type d'instrumentation, auquel ont été ajoutés un orgue et un hautbois, et ressemble un peu à ce que fera Bowie plus tard: une chanson plutôt calme, au développement progressif qui gagne en intensité au fil du déroulement. Cette chanson sera ré-enregistrée en 2002 pour le projet "Toy", mais à part quelques extraits reservées aux membres du fan club en ligne, elle ne fut jamais publiée.

La face A, "Rubber band" sera par la suite ré-enregistrée pour figurer sur le 1er 33t de Bowie, dans une version différente. On en parlera demain.

Les deux titres sont disponibles en cd dans "The Deram Anthology", ou, encore mieux, remasterisés de près dans la toute nouvelle édition "Deluxe" en 2 cd du premier album, parue en 2010.


The laughing gnome / The gospel according to Tony Day
45t publié le 14 Avril 1967

Un étrange 45t, qui contrairement au précédent ne figurera pas dans l'album qui va suivre. "The laughing gnome" est une chanson qui a longtemps embarrassé son auteur, surtout vers 1972 en pleine période Ziggy, lorsque les journaux britanniques se sont fait une joie de la remettre sous les projecteurs. La chanson raconte la rencontre entre Bowie et un petit lutin malicieux, que l'on entend sous la forme d'une voix accelerée. (ou gonflée à l'hélium). Mais on est hélas bien loin de la poésie à la Tolkien du "Gnome" de Syd Barrett, sur le premier album du Floyd sorti la même année. Ici, on est plutôt dans la niaiserie pour jeunes, mais alors très jeunes enfants.
Cependant on aurait tort de dénigrer trop vite ce titre, car d'un point de vue purement musical il est quand même sacrément bien écrit.

La face B ("The gospel according to Tony Day") est étrange aussi. Très lente, chantée d'une voix grave (pour compenser la voix suraigu du "Laughing gnome" ?), elle reste mystérieuse (qui était donc ce Tony Day?).

Les deux titres sont dispos dans leurs versions mono d'origine, et viennent tout juste d'être mixées pour la première fois en stéréo sur la ré-édition du premier album en version "Deluxe", en ce début d'année 2010.


David Bowie
1er Lp, qui est sorti en mono et en stéréo le 1er juin 1967

Face 1:
1.Uncle Arthur
2.Sell me a coat
3.Rubber band
4.Love you till tuesday
5.There is a happy land
6.We are hungry men
7.When I live my dream

Face 2:
1.Little bombardier
2.Silly boy blue
3.Come and buy my toys
4.Join the gang
5.She's got medals
6.Maid of Bond Street
7.Please Mr. Gravedigger


C'est donc là le premier album de Bowie, et il est sorti le même jour que Sgt Pepper !
Nous sommes toujours plus dans le domaine de la varieté ou du music-hall que dans le rock. Bowie lui-même a dit qu'à cette époque il avait "des racines un peu partout, dans le rock, le vaudeville et le music-hall. Je ne savais pas encore si j'étais Max Miller ou Elvis Presley."

Le disque démarre avec "Uncle Arthur", un titre assez énergique, suivit par un "Sell me a coat" plus posé et pas désagréable, très "english".
Arrive ensuite la nouvelle version de "Rubber band", pas très éloignée de celle du 45t, mais néanmoins nettement plus soignée du point de vue de l'enregistrement, et le chant est bien plus assuré. Et l'on a plus ces affreux cris aigus de la fin.
"Love you till tuesday" est une charmante chanson pop (l'une des rares de l'album), et est certainement le single potentiel de l'album. Curieusement, c'est la seule avec "Come and buy my toys" dans laquelle c'est une guitare (acoustique) qui est l'instrument principal. Les modulations harmoniques du milieu sont particulièrement classes.
"There is a happy land" nous décrit une espèce d' "île aux enfants" dans laquelle les adultes sont interdits, et où l'on retrouve Charlie Brown.
Arrive ensuite la délirante "We are hungry men", très rock, et agrémentée de la voix d'un speaker et de divers effets spéciaux. C'est peut-être la chanson dans laquelle on retrouve le plus le Bowie du futur, celui qui racontera des histoires de Messies ("The supermen", "Big Brother") ou de sociétés décadentes ("Five years").
La face A se termine par "When I live my dream", une scie que Bowie devait particulièrement aimer, puisqu'on la retrouvera encore par la suite dans divers projets vidéos. Il l'interprétera également à la BBC.

La face B démarre avec une valse, complète avec accordéon, "Little bombardier".
"Silly boy blue" est un titre assez épique, avec des choeurs qui chantent une mélodie pleine d'entrain. "Come and buy my toys" est ouvertement basée sur des arpèges de guitare, ce qui la rapproche de ce que fera Bowie en 1969.
"Join the gang" contient un sitar, mais n'a rien à voir avec les recherches d'un George Harrison, l'instrumentation comprenant par la suite une piano bastringue, et finissant par des bruitages insolites. Il y a même à un moment une citation de la rythmique de "Soul man", la chanson popularisée par Sam & Dave cette même année 1967 .
"She's got medals" est le portrait d'une femme un peu particulière, et la chanson semble s'être échappée de "Between the buttons", avec sa rythmique basée sur la basse et ses chœurs Stoniens dans le refrain. Ceci dit, je viens de me rendre compte en fait que l'accompagnement musical du couplet n'est autre que celui de "Hey Joe", la chanson popularisée par Jimi hendrix !
"Mais of Bond Street" nous replonge dans une valse avec accordéon, et enfin l'album se termine avec "Please Mr Gravedigger", le titre le plus fou du disque.
Il ne s'agit pas à proprement parler d'une chanson, mais d'un "duo macabre pour voix et effets sonores", dans laquelle Bowie marche dans un cimetière en "chantonnant" (et en éternuant), suppliant au fossoyeur de ne pas révéler qu'il a assassiné une petite fille de 10 ans. Il ne faut bien sûr pas prendre ces paroles au premier degrés, il s'agit d'humour noir qui lorgne plus du côté d'Edgar Poe. La chanson se termine par Bowie creusant un trou, destiné à acceuillir le fossoyeur lui-même !

Pour avoir cet album en cd, la meilleure chose à faire et de se procurer la toute nouvelle ré-édition "Deluxe edition" parue le 25 fevrier 2010, car on y retrouve pour la première fois les deux versions (mono et stereo).

Pour aller plus loin:
L'édition "Deluxe" de 2010 s'étend sur 2 cds, et comprend, en plus de la version mono et de la version stéréo de l'album, tous les 45t Deram correspondants, dans leurs versions monos d'origine, mais également dans des versions stéréos crées pour l'occasion. Mais nous détaillerons le contenu des bonus de cette édition à la fin du chapitre suivant, car l'édition contient également des chansons enregistrées en 1968.

Au niveau des mixages, les différences entre la version mono et la version stéréo ne sont pas très importantes. En fait les deux mixages sont plaisants à écouter. Le mixage stéréo de cet album est bien supérieur (car plus équilibré) à celui de Sgt Peppers, sorti le même jour, par exemple.

Un dernier point: de toutes les chansons de cet album, une seule fut ré-enregistrée en 2002 pour le projet "Toy", il s'agit de "Silly boy blue"

Love you till tuesday / Did you ever have a dream
45t publié le 14 Juillet 1967

C'est encore une fois un 45t inédit, puisque la version de "Love you till tuedsay" présentée en face A n'est pas la même que celle de l'album: il s'agit d'un nouvel enregistrement. Pourquoi avoir ré-enregistré la chanson ? Je ne sais rien, mais les différences sont assez importantes: l'ensemble est beaucoup plus enlevé, et les superbes modulations harmoniques que j'aimais tant ont été retirées. Par contre on a rajouté un bout de musique tzigane à la fin, après la dernière phrase.

La face B, "Did you ever have a dream" (à ne pas confondre avec "When I live my dream") est encore plus enlevée, et conclue ici la période Deram de Bowie.

Logiquement, si l'on suit l'ordre des disques tels qu'ils sont parus de manière strictement chronologique, le prochain chapitre devrait être le 45t de "Space oddity", qui est sorti en 1969, c'est à dire presque deux ans après ! Pour les gens de 1967, même les fans, c'est ainsi que ça s'est passé. Il y a eu le 45t "Love you till tuesday", puis le 45t "Space oddity", longtemps après.
Mais en réalité il existe quelques enregistrements intermédiaires qui ont eu lieu en 1968 et qui finirent par être publiés, mais ils ne furent publiés qu'une fois Bowie devenu célèbre, quelques fois des dizaines d'années après leurs enregistrements ! Cependant pour des raisons de continuité artistique, j'ai décidé que nous allons en parler dés demain.


1968 !

Et bien 1968, c'est un peu une année creuse pour Bowie: il ne va publier aucun disque (ce qui n'était pas arrivé depuis 1964 !) et va surtout faire du théatre (du mime avec Lindsay Kemp). En effet à cette époque il est encore attiré par beaucoup d'arts différents et ne sait toujours pas si il va se diriger vers la musique, ou plutôt la peinture, ou encore le théatre. En tout cas pour le moment l'absence de succés de son premier album ne va pas vraiment l'encourager à rester dans la voix musicale.

Cela dit cette année il va quand même composer quelques chansons (et même tout un opéra rock resté inédit -"The Ernie Johnson rock opera"), mais il n'y aura pas d'enregistrement majeur, ni de sortie de disque. Par contre il va réaliser quelques enregistrements live pour la BBC, quelques chansons en studio, et enregistrera même un single potentiel, qui ne sera finalement jamais publié... ...avant 2010 (!), c'est "London bye ta-ta".

Je vous propose de détailler ces enregistrements aujourd'hui, car ils ont fini par être publiés officiellement, même si c'était des dizaines d'années plus tard !


1er passage à la BBC
le 18 décembre 1967 dans l'émission "Top Gear".
Publié officiellement dans l' "Edition Deluxe" de son premier album le 25 fèvrier 2010 (! - Juste à temps pour figurer dans le topic, donc ).

1.Love you till tuesday
2.When I live my dream
3.Little bombardier
4.Silly boy blue
5.In the heat of the morning


Il s'agit là du tout premier passage radio de Bowie à la BBC (Bon d'accord, on est fin 1967, mais bon, c'est comme si on était en 68 non ?). Il chante seul, accompagné par un orchestre de sept musiciens. Au repertoire comme vous pouvez le constater, il y a quatre chansons tirées de son album, mais également une inédite, la très rafraichissante "In the heat of the morning". Musicalement, on reste très proche des versions studios, et Bowie chante super bien.



En 1968 Bowie va enregistrer quelques morceaux en studios, qui ne sortiront finalement pas.
Mais trois d'entre eux vont quand même être paraitre sur une compilation, en 1970:

The world of David Bowie
Compilation publiée en Mars 1970

1.Karma man
2.Let me sleep beside you
3.in the heat of the morning

Cette compilation, mise au point par Bowie lui-même, contenait une selection de titres de la période Deram, dont ces trois inédites qui datent de 1968. Elle fut publiée après le succès de "Space oddity", ce qui explique l'anachronisme de la pochette (Bowie a sa tête de 1969 dessus ).
Les trois "nouvelles" chansons auront entre temps été interprétées à la BBC.

"Karma man" est presque folk. En tout cas elle est à mon sens à mi-chemin entre le style du 1er Lp de 67 et du 2ème de 1969.
"Let me sleep beside you" est très sympa, avec une super intro à base de guitares rock, auxquelles répondent des cordes façon Stockhausen, et a fait l'objet d'un remake "moderne" en 2002 pour "Toy", qui est hélas resté inédit.
Enfin la troisième, "In the heat of the morning" est peut-être celle que je préfère de toute cette période. (La version studio est bien meilleure que celle de la BBC de 1967, mais est encore en dessous de la version BBC suivante - voir plus bas). Je la trouve tout à fait rafraichissante.

Pour avoir des versions cd de ces chanson, la compile originale n'ayant pas été rééditée, il faut se tourner vers l'édition "Deluxe" de l'album de 1967 (sortie en 2010), qui contient à la fois les mixs mono originaux, et des nouveaux mixes stéréos super bien fait. (Pour "In the heat of the morning" le mix stéréo est d'époque. Il est présent dans la ré-édition 2010, sauf que sur MusicMe ils se sont plantés: ils ont mis la mono à la place, mais sur le cd elle est bien en stéréo)

Egalement enregistrée en studio à la même période, on trouve cette chanson là:

London bye ta-ta
Publiée officiellement dans l' "Edition Deluxe" de son premier album le 25 fèvrier 2010 (! - Puisque je vous dis que cette ré-édition est indispensable ).

Cette mystérieuse chanson aura pendant longtemps hanté les rêves des fans (enfin... ceux qui ne fréquentaient pas les bootlegs ) car elle fut enregistrée plusieurs fois en studio, à chaque fois sans être publiée !
En gros il existe deux versions studios: une qui date de 1968, et un "remake" réalisé en 1970. Le remake fut finalement publié tardivement en 1989, dans le coffret-compilation "Sound + Vision", mais la première version, celle de 1968 sera considérée comme perdue définitivement pendant des années. Ce n'est qu'au tout début de 2010 qu'elle finira par être publiée officiellement, les bandes ayant été retrouvées !
Vous pouvez donc maintenant, depuis seulement quelques jours, entendre ce fameux enregistrement (mono).

2ème passage à la BBC
le 13 Mai 1968 dans l'émission "Top Gear".
Publié officiellement dans le coffret "Bowie at the Beeb" le 26 septembre 2000.

1.In the heat of the morning
2.London bye ta-ta
3.Karma man
4.When I'm five *
5.Silly boy blue

Deuxième passage à la BBC pour Bowie. Il est amusant de se rendre compte que finalement toutes ces chansons inédites auront connu une existence publique dans des versions live, alors que les versions studios dormaient tranquillement dans les placards sans être publiées.
On a donc droit à une nouvelle version de "In the heat of the morning" (que je considère comme étant la meilleure), et même à une version live de "London bye ta-ta" (tout à fait similaire à la version studio - ça vallait bien la peine d'attendre ! ).
Les versions de "Karma man" et "Silly boy blue" sont sympas aussi.

*Le cas de "When I'm five" est spécial. C'est une nouvelle chanson, mais elle ne figure pas dans "Bowie at the Beeb" car en fait cet enregistrement live sera utilisé dans le film "Love you till tuesday" de 1969 et apparaitra dans l'album de la B.O. (on en reparlera plus en détails quand on abordera ce film, demain).


Kenneth Pitt, le manager de Bowie, décide de la création d'un film de 30 minutes destiné à faire découvir les talents de son poulain au monde entier. Le film est tourné en janvier et fèvrier 1969, et comprend sept chansons de David Bowie: quatre qui proviennent du 33t de 1967, deux nouvelles ("When I'm five" et "Ching-a-ling"), ainsi qu'une séquence de mime appelée "The mask". Et au dernier moment avant le tournage, Bowie rajoute une toute nouvelle chanson: "Space oddity".

Les chansons sont parfois de nouveaux enregistrements (When I live my dream est différente de la version album), ou bien des anciens auxquels on a rajouté des overdubs de voix ("Sell me a coat", par exemple). Dans le film, les chansons sont interprétées par Bowie, et aussi sa copine Hermione, et son pote John Hutchinson. A eux trois ils forment le trio "Feathers".

Le film couta très cher et ne fut jamais utilisé, par manque d'interêt de la part des acheteurs éventuels que sont les chaines de télé, etc..... Il fut finalement distribué en cassette VHS en 1984 (que l'on voit çi-dessus), puis en DVD en 2005. Et parallèlement à la VHS de 1984 est sorti un album de la bande-son du film. Cette album et ce film vont être traités dans le topic dés maintenant, malgré leur publication tardive, pour des raisons évidente de continuité artistique.

L'album "Love you till tuesday" ne contient pas exactement la bande-son du film (ça serait trop simple ). En fait, certains morceaux sont présentés dans leur version single (Rubber band, par exemple).
D'autres sont réellement inédits comme "Ching-a-ling", "When I'm five", "Space oddity" (qui n'est pas la même version que celle, définitive, qui sera publiée en single plus tard dans l'année), et "When I live my dream". Ce dernier titre avait même été prévu pour être un single, mais ne fut pas publié.

Méfiez-vous de la version cd de l'album éditée par Pickwick. Dans celle-çi la plupart des versions sont celle de l'albums de 1967, alors que ça n'était pas le cas sur le Lp. (par exemple dans le film, la version de "Love you till tuesday" est celle du single, et sur le Lp aussi, mais sur le cd c'est la version album.)

Et maintenant, je vous propose de faire un bon usage des capacités d'internet, et de visionner ensemble ce film (aller, 30 minutes, c'est pas long ).

Voici donc le premier chapitre, Love you till tuesday qui sert de générique. Ne trouvez-vous pas que Bowie est à la fois super classe et en même temps tout à fait ridicule ?
http://www.youtube.com/watch?v=u5dCcO7Q5sY

Chapitre 2: Sell me a coat
http://www.youtube.com/watch?v=iFvYX3QWre0
C'est la version de l'album de 67, mais avec des overdubs de voix en plus. Dispo sur la réédition Deluxe de 2010 dans une version légèrement remixée.

Chapitre 3: When I'm five
Une chanson inédite enregistrée en 1968 à la BBC (voir le chapitre d'hier). Dans le film Bowie mime donc le chant en playback par dessus cet enregistrement.
Dispo sur la réédition Deluxe de 2010
http://www.youtube.com/watch?v=VrmiDWzGvSI

Chapitre 4: Rubber band
http://www.youtube.com/watch?v=6UPSUdbM-BQ

Chapitre 5: The mask
http://www.youtube.com/watch?v=jiKWEf2luMY

Chapitre 6: Let me sleep beside you
Une autre véritable inédite. Par contre il n'a pas fallu attendre 1984 pour l'avoir: elle fut publiée sur la compile de 1970 (on en a parlé). Bon là c'est encore plus clair avec l'image: on assiste ici aux débuts du Bowie glam !
http://www.youtube.com/watch?v=zUH6vae0mec

Chapitre 7: Ching-a-ling
Interprétée réellement à trois avec Hermione et Hutch, cette chanson est très interessante ! Car est une mélodie très envoutante que Bowie ré-utilisera quelques années plus tard sur son 3ème album "The man who sold the world", dans la chanson "Saviour machine".
http://www.youtube.com/watch?v=g0CGRPJolds

Chapitre 8: Space oddity
Tel un ovni venu de nul part, cette chanson ajoutée à la dernière minute sera le premier tube interstellaire de David Bowie. Mais pas dans cette version là qui est très très différente de celle commercialisée plus tard dans l'année. D'ailleurs ceux qui connaissent la version finale, mais pas celle du film, ça va leur faire tout drôle
Le "clip" fait très Stanley Kubrick, je trouve.
http://www.youtube.com/watch?v=i2Eu_eNlRrw

Chapitre final: When I live my dream
C'est une version différente de celle de l'album de 1967, qui devait sortir en single, mais finalement ne fut publiée dans un premier temps que dans ce film. Elle sert de générique de fin.
http://www.youtube.com/watch?v=sDMDJ8JUkys


Love you till tuesday
Lp publié le 17 Mai 1984

On est en 1984, après "Let's dance" (l'autre plus grand succès interplanétaire de Bowie), et donc c'est l'occasion ou jamais pour les studios de ressortir ce qui dormaient dans des armoires depuis des lustres, afin de rebondir sur le buzz Bowie.
Vous remarquerez qu'en plus des titres pré-cités, on retrouve dans ce disque des choses comme Liza Jane ou The London boys.
Pour avoir les vrais inédits de ce disque en cd, ils se trouvent dans la version Deluxe de l'album de 1967. (Malgré l'absence notable de cette version de "Space oddity"), qu'on trouvera dans "The Deram Anthology". - et "Ching-a-ling" est présenen stéréo pour la première fois.


Un dernier petit chapitre pour clore cette première partie dans la carrière de Bowie, afin d'évoquer l'excellente ré-édition dans la série "Deluxe Edition" de l'album de 1967:


David Bowie
Ré-édition du premier Lp sous la forme d'un double-cd sorti le 25 fèvrier 2010

Comme vous pouvez le constater, cette édition est super complète:

-Le premier CD contient l'album en stéréo, puis en mono. C'est la première fois que la version mono est publiée en cd.

-Le deuxième CD contient les bonus: il y a TOUS les 45t qui gravitent autour de ce projet, les 3 titres inédits de la compile "The world of David Bowie", avec à chaque fois la version mono d'origine, et aussi les versions stéréos (soit d'époque, soit crées pour la première fois en 2009).
Il y a aussi les titres inédits du Lp "Love you till tuesday" (SAUF "Space oddity" (!) ), les enregistrements à la BBC pour le premier passage de Bowie, ainsi que des choses publiées pour la première fois:

-In the heat of the morning (un mix mono avec un piste de lead vocal inédite)
-London bye ta-ta (la version "perdue" de 1968 !)


Cette partie sur les années 60 est fini. Ne faites pas attention au à demain. Je trouve ces analyse génials.
Donc la prochaine fois je commence par 1969.

Alors vous connaissez ?




Édité par L L Lucy le 17/05/2012 à 11:02


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